JE SUIS VIVANTE MAIS ÇA NE VA PAS
Je suis vivante,
en tout cas,
il paraît,
et pourtant...
Pourtant,
j'ai la sensation de ne pas l'être,
je suis morte à l'intérieur, « vide » alors,
comment puis-je être vivante de l'extérieur ?
Comme un avocat,
le fruit, pas celui habillé en robe noire,
comme un avocat qui paraît bon de l'extérieur
et que l'on découvre noir quand on l'ouvre.
C'est comme ça que je me sens.
Parfois,
même extérieurement,
je ne me sens pas vivante,
je suis juste un corps immonde
qui gesticule et désincarné.
Pour me sentir vivante,
essayer de m'approprier ce corps,
j'ai besoin de le martyriser,
de lui faire du mal,
de l'automutiler.
À ce moment,
ces moments,
je me rends compte que je suis vivante
car je sens MON corps,
il est VIVANT,
grâce à la douleur que je lui inflige,
alors, à nouveau, ce corps m'appartient et me rend
vivante.
Je ne fais que m'illusionner !
Oui, c'est une illusion,
j'en ai bien conscience.
Mais je crois fortement que ça me fait du bien,
que ça me détend, que ça m'apaise,
en tout cas sur le moment.
Parfois, je sens mon cœur battre.
Est-ce que ça veut dire que je suis vivante ?
Est-ce suffisant pour l'être ?
Comment être vivante
quand ça ne vas pas ?
Avec ce corps qui ne m'appartient pas,
qui n'est pas le mien,
suis-je vraiment vivante ?
Est-ce que ça va ?
Et si je suis vivante,
ça ne conditionne pas forcément le fait d'aller bien,
aucune corrélation.
Je cherche, je l'étudie, je l'observe,
par partie, petit à petit.
« Ah, oui, ça bouge, donc je suis vivante ».
C'est déjà un bon début.
Je suis vivante mais ça ne va pas.
Je me suis toujours, enfin presque toujours,
sentie comme une marionnette
que les autres manipules à leur guise.
Est-ce que le fait de m'approprier
ce corps, vivant, m'aidera à aller mieux ?
Encore et toujours ce corps
et ma psyché alors ?
Elle ne va pas bien non plus,
il y a des trucs qui cloches là-dedans !
Vivante mais ça ne va pas.
Pourquoi ?
Être vivante
n'est pas nécessairement conditionnée,
compatible,
avec le fait d'aller bien.
Pourquoi ça ne va pas alors
que je suis vivante ?
Je devrais penser que c'est une chance,
saisir cette opportunité pour acter,
apprendre, découvrir, douter, m'interroger,
pleurer, crier, jouer, …
Apprécier la vie pour aller bien,
me dire que j'ai cette chance
mais,
comme le dit mon ami B.,
« on ne va pas forcément bien quand on va mal ».
Mon corps est désincarné,
j'essaie de me dégager de cette enveloppe charnelle
afin de pouvoir, dans un premier temps,
changer le paradigme de ma psyché.
Vivante dans ma « tête », ma psychée,
premier objectif !
Il y pire que moi
bien évidemment,
je le sais,
j'en ai conscience,
comme je sais qu'il ne sert à rien de
se comparer aux autres,
chacun(e) « vit » avec ses traumas.
Mais n'est-ce pas plutôt de la survie ?
Non, décidément, pas besoin de se comparer aux autres,
c'est inutile et non productif,
chacun(e) vit, survit,
comme il/elle peut.
Quand la mort arrive,
qu'on la sens arriver,
à cause d'une maladie,
d'une pathologie,
des conflits dans le monde, ...
on se dit MERDE !
J'ai tellement de choses à faire,
à voir, à vivre, à partager, …
Qu'est-ce que je peux être CONNE !
J'ai tout pour aller bien.
Pourquoi je vais mal ?
Ça va passer,
j'ai de la chance,
parce que oui, ça va passer.
Ça ne tient qu'à moi
de décider d'aller mieux !
Mais c'est souvent le parcours du combattant,
c'est une « guerre » contre moi-même,
contre mes aprioris, mes idées noires, …
je dois « lutter », me « débattre », me « battre »
pour aller bien,
puisque je suis vivante.
Que de mots négatifs encore !
N'importe quoi !!!!
Je dois le voir comme une chance d'être vivante
et adopter la vie plutôt que la survie,
changer de paradigme encore.
Hou là là,
qu'est-ce que c'est difficile.
Rien de plus normal que de se sentir
mal « parfois »,
ou « souvent »,
comme tout un chacun.
Mais, quand c'est souvent ?
Trop souvent que je me sens mal ?
Que puis-je faire pour aller bien
alors que je suis vivante ?
J'ai pourtant la CHANCE
d'avoir des ami(e)s qui me soutienne,
qui me poussent vers le haut,
qui m'apprennent à aller mieux,
à aller bien.
Faire semblant que tout va bien,
ça ne dure qu'un temps,
c'est fatiguant, et,
tout le monde n'est pas dupe, certains(nes)
voient bien que ça ne va pas.
Le mal-être est contagieux,
c'est une bonne raison d'aller bien,
ne pas contaminer les autres.
Ne pas être pressée,
c'est ce que je dois comprendre
et accepter également.
Avancer à mon rythme, même s'il est lent.
Quand je sors de RDV avec des professionnels
de santé et que l'ambulancier m'interroge :
« ça va ? Ça c'est bien passé votre RDV? »
J'ai envie de dire :
« non, ça va pas CONNARD, je n'aurai
pas besoin d'aller à ces RDV si ça aller ! »,
mais je dis oui pour couper court.
Laisser mes traumas passés dans le passé
ou, encore mieux, les « intégrer » dans ma vie,
me dire que c'est comme ça et que ça
m'a aider à me « construire ».
Mais NON ! Ça m'a plutôt détruite !
MAIS, J'Y TRAVAILLE,
parce que oui, c'est un travail,
ou plutôt une étude, une recherche,
une analyse, une prise de conscience,
que JE NE SUIS PAS RESPONSABLE de mes traumas,
que je n'y pouvais rien, que je n'étais pas capable
à ces moments de réagir autrement,
ou plutôt d'agir.
Vivre à avec mes peurs, mes angoisses
que les traumas se reproduisent ne me fait
pas avancer,
« Prends-en conscience BORDEL DE MERDE ! ».
Pouvoir dire « ça va » parce que c'est vrai !
.C'est un objectif noble à atteindre, non ?
En tout cas c'est mieux, un petit mieux à chaque fois,
mais c'est déjà ÉNORME !
Ne pas « retomber » encore dans les mêmes travers,
avancer dans la démarche d'aller mieux,
d'aller bien même, pourquoi pas.
C'est pas toujours facile,
oui, il y a des rechutes,
et il y en aura toujours,
mais de moins en moins.
Me dire que ça va passer.
Pas tout seul, pas comme ça, par magie,
alors je m'y emploies et,
avec le temps, les « ça ne va pas »
deviendront RÉELLEMENT des « ça va ».
Me dire que c'est NORMAL de ne pas toujours aller bien,
que parfois des souvenirs reviennent à moi,
que je dois en prendre conscience et les laisser
passer, les laisser « glisser », m'en « échapper »,
m'en « détacher »,
pour ne pas entretenir ce « mal aise »,
ces malaises.
Éloigner de moi les souvenirs douloureux,
les personnes qui m'ont fait du mal
et d'autres qu'y m'en font encore.
C'est déjà un bon début non ?
M'accepter comme je suis,
me regarder non pas avec mes yeux
mais avec ceux des autres,
les écouter et les comprendre.
Ne pas m'auto-critiquer,
ça ne fait pas avancer,
car ce que je prend pour la réalité,
MA réalité avec mes yeux biaisés,
trop formatés par le passé,
trop conditionnés par le « mauvais »
ne l'ai pas toujours pour les autres qui me voit
et me connaissent bien.
Même si je suis vivante,
me dire que c'est légitime d'aller mal,
souvent,
et que ce souvent deviendra parfois.
Accepter que OUI,
je suis VIVANTE,
ça ne va pas,
MAIS, ça va aller mieux,
de mieux en mieux.
06/2025 - NG - JE SUIS VIVANTE MAIS ÇA NE VA PAS