Mélika nous a quitté

Hommage à Mélika Ragot (née Mezghrani)


Mélika, Mamounette

 03 octobre 1948 – 11 décembre 2025 


« Ça y est, la danse est finie ?

L’orchestre s’est arrêté ?

L’artiste a posé ses pinceaux ?

Et le clown son nez rouge ? » Mais non.

« Mamou » vit à travers nous.

Juste que — à chacun son tour — le sien était venu. Remarquez que je n’ai jamais validé le « Mamou », alors je proposais régulièrement le féminin et d’asumer « Mamolle » … elle et les autres membres de la famille ont toujours refusé… un mystère ! 


Faire un hommage larmoyant à une des femmes les plus drôles et aimantes de ma vie ?

De nos vies : je sais pouvoir associer Nathalie et une ribambelle d’autres sapiens à ces mots sans même avoir à leur demander. Certains diront que 77 ans, c’est jeune pour partir.

Arrêtons les comptes d’apothicaires.

J’écris des mots comme ça, ça fait bien, et elle les aurait écorchés en éclatant de rire. Elle rejoint le panthéon de ceux qui inspirent ma vie, et parmi eux il y a le groupe des « 77 ans » :

Jacques Prévert, Tamura Sensei

Si ça, c’est pas la classe ! Si ça, c’est pas stylé ! 


Elle est, notamment et sans le savoir, l’origine de mon engagement féministe.

Parce que l’avenir on le doit à nos mères, nos sœurs, nos filles, nos nièces, nos compagnes… 


J’écrivais, il y a un peu plus de 17 ans, lors du décès de mon père :

« Aujourd'hui je sais que je n’aurais pas souhaité d’autres parents. » 

Pas mieux à dire aujourd’hui. 


Ils ont — elle a — incarné l’antithèse des gros réacs qui pensent qu’une fessée, une claque n’a jamais fait de mal à personne. L’antithèse, pour ceux qui auraient raté le mot. 

Le contraire.

L’opposé. Donc je disais que ses actes éducatifs étaient le contraire de ceux qui dominent par la force. « Qui aime bien châtie bien » est une connerie sans nom. Nous avons été aimés sans avoir été claqués.

Alors ceux que nous prétendons aimer : chez nous, on ne les frappe pas, on ne les humilie pas.

Ni au nom de la tradition, ni d’un dieu, ni d’une supposée sagesse adulte. Faut dire que nous sommes des sans-roi, impies et mécréants.

Nathalie et moi avons retenu la leçon. 


Ceux qui l’ont connue le savent :

elle était la preuve qu’on peut enchanter le monde avec une voix de casserole et à contre-temps. Rire de soi, rire ensemble, rire de nos approximations.

Nos imperfections sont notre joie de vivre. Elle grimaçait devant chaque nouveau goût que nous lui proposions...

avant de lancer un magnifique : « C’est dégueulasse ! » Elle aimait la musique et danser.

Danser et rire. 

Danser et peindre.

Peindre la mer 

….les arbres. (où est Charlie?)

Elle aimait le rose et le rouge (un peu trop au goût de Nathalie). Elle n’aimait pas la peau.

La peau ?

Oui : la peau du fromage, des tomates et des petits pois. Mais, de la peau jusqu’aux os, elle aimait ses proches, ses enfants et ses petits-enfants. 


À nous de continuer

 Elle a enchanté le monde.
À nous de reprendre le pinceau, même à contre-temps,
pour colorer d’un éclat de rire
le monde sur lequel nous dansons encore quelques temps.
 

Nathalie, Nicolas et tous ceux qui la connaissaient vraiment.


https://www.youtube.com/shorts/ncyw6zUJFOc